http://www.ohm-littoral-mediterraneen.fr/spip.php?article174
Soutenu par la Fondation de France
Mots clés : aménagement, flore, paysage, sentiers, usages
Financement : Fondation de France, Appel d’offre « Quels littoraux demain ? » (2014-2017)
Partenaires : CLERSE (UMR8019), ESPACE (UMR7300), LISA (UMR6240), Conservatoire Botanique National de Corse (CBNC), Fédération des offices de tourisme de Corse, Direction Régionale de la jeunesse et des Sports, Parc National des Calanques.
Responsable scientifique : Hélène MELIN
Résumé du projet : Quels sentiers littoraux pour demain ? Face à la multiplication des offres de petite randonnée et à la quasi généralisation de l’outil « sentier » dans les politiques d’aménagement et de développement éco-touristique, ce projet questionne l’évolution des cheminements côtiers en Méditerranée dans une dynamique prospective de gestion et de protection des littoraux. Il s’agit de s’interroger sur l’évolution des formes et des rôles des sentiers sur trois maillages de cheminements en Haute Corse (Balagne) et dans les Bouches du Rhône (Côte Bleue et Iles du Frioul).
Les sentiers côtiers, quoique très anciens, font l’objet d’un réinvestissement fort depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000. Une mutation de sens et d’usages semble s’opérer. Si leur valorisation a suivi, dans les années 1960-70, une démarche d’ouverture au plus grand nombre de l’espace littoral, dans un contexte de développement touristique, ils apparaissent aujourd’hui de plus en plus souvent comme un moyen de refaire du lien entre culture et nature en amenant les promeneurs au plus près des espèces naturelles et des paysages et en témoignant du modelage ancien du littoral par les activités anthropiques, dont ils permettent la lecture. Ils sont cependant sous étudiés et sous analysés et leur potentiel en tant qu’outil de gestion de la dynamique littorale reste encore à révéler. De plus en plus fréquentés, de mieux en mieux balisés, de plus en plus encadrés, les sentiers connaissent un processus continu d’artificialisation. Quelle place occupent-t-ils aujourd’hui dans la vie du littoral, tant au plan de l’habitus socio-culturel, du contexte économique que de l’écologie ? Quelles formes veut-on ou doit-on leur donner demain ? Poursuivre dans le sens d’un équipement toujours plus présent et donc un marquage anthropique de plus en plus affirmé, quitte à accentuer la coupure entre la dimension naturelle des espaces et l’utilisation sociale qui en est faite ? Le cadrage des sentiers aujourd’hui se fait, la plupart du temps, en associant à la visée socio-économique une vision environnementale. Mais cette démarche ne risque-t-elle pas d’être en partie contre-productive ? N’y a-t-il pas un risque de dérive de la « nature » des sentiers, devenant involontairement les vecteurs d’un étalement urbain à venir ? Il faut pouvoir concilier les différents usages et usagers, les contraintes réglementaires, le respect de l’intégrité des sites et la protection du milieu naturel. Du sentier comme agrément urbain à proximité immédiate des villes au sentier découverte d’une nature préservée dans des espaces protégés, quelles déclinaisons possibles ? Quelles déclinaisons souhaitées et souhaitables ? Ce programme propose d’étudier conjointement les objectifs initiaux et les finalités attendues de l’aménagement de sentiers en bordure littorale par les propriétaires et gestionnaires des sites, d’une part, et les pratiques et usages effectifs de ces chemins par les usagers, d’autre part. Cette recherche pluridisciplinaire (anthropologie, botanique, économie, géographie, histoire, linguistique, sociologie) doit permettre de mesurer les rôles potentiels et effectifs des circuits de promenades dans l’évolution de la gestion littorale, et ainsi contribuer à choisir la forme qu’ils devront prendre demain. B. Kalaora (2010), M.A. Maupertuis, M.A Prunetti et P.M Romani (2010) ont souligné l’importance de la prise en compte des différentes valeurs d’un site littoral pour décider de sa destination et de la forme de sa protection et/ou sa valorisation. Il en va de même pour les sentiers, dont les valeurs sont souvent sous-estimées ou méconnues.